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CHAPITRE I

UN HORLOGER RACCOMMODEUR DE SOUFFLETS.—INTÉRIEUR D’ARTISTE.—LES LEÇONS DU COLONEL BERNARD.
—L’AMBITION PATERNELLE.—PREMIERS TRAVAUX MÉCANIQUES.—AH! SI J’AVAIS UN RAT!—L’INDUSTRIE D’UN PRISONNIER.—L’ABBÉ LARIVIÈRE.—UNE PAROLE D’HONNEUR.—ADIEU MES CHERS OUTILS!
Pour me conformer à la tradition qui veut qu’au début de ses confessions, tout homme écrivant….
comment dirai-je? ses Mémoires, non, ses souvenirs, fasse connaître ses titres de noblesse, je
commence par déclarer au lecteur, avec un certain orgueil, que je suis né à Blois, patrie du roi Louis
XII, surnommé le Père du Peuple, et de Denis Papin, l’illustre inventeur des machines à vapeur.
Voilà pour ma ville natale. Quant à ma famille, il devrait sembler naturel, en raison de l’art
auquel j’ai consacré mon existence, de me voir greffer sur mon arbre généalogique le nom de Robertle-
Diable ou celui de quelque sorcier du moyen-âge; mais, esclave de la vérité, je me contenterai de
dire que mon père était horloger.
Sans s’élever à la hauteur des Berthoud et des Bréguet, il passait néanmoins pour fort habile dans
sa profession. Au reste, je fais preuve de modestie en bornant à un seul art les talents de mon père,
car la nature l’avait fait apte aux spécialités les plus diverses, et son activité d’esprit le portait à tout
entreprendre avec une égale ardeur.
Excellent graveur, bijoutier plein de goût, il savait même au besoin sculpter un bras ou une jambe
de statuette estropiée, remettre de l’émail à un vase du Japon endommagé, ou bien encore réparer les
serinettes, fort en vogue à cette époque.
L’habileté dont il donnait tant de preuves avait fini par lui valoir une clientèle beaucoup trop
nombreuse, car, ces travaux, il les faisait pour la plupart gratuitement et mû par le seul plaisir
d’obliger.
Sa réputation lui attira même une petite mystification dont, au reste, il se tira en homme d’esprit.
Un jour, un domestique en livrée entre dans la boutique, et présentant à mon père un objet
soigneusement enveloppé:
—Mme de B…., dit-il, vous fait ses compliments et vous prie de lui réparer cela.
—C’est bien, répondit mon père, absorbé en ce moment par la réparation d’une tabatière à
musique, je m’en occuperai.
Son travail terminé, il déchire l’enveloppe, mais quelle n’est pas sa surprise?… il trouve un
soufflet.
—«Un soufflet à réparer! à moi! à un horloger! à un bijoutier!» s’écria mon père indigné, et ne
sachant s’il devait voir dans ce fait une mystification ou simplement un manque de tact:
—Un soufflet! répétait-il, me prend-on pour un Auvergnat?
Sa première pensée fut de rempaqueter ce nouvel et singulier article de bijouterie pour le
renvoyer à son propriétaire; mais la réflexion lui inspira une vengeance plus digne et plus originale à
la fois.
Il examine ce soufflet aristocratique qui valait bien deux francs, le répare consciencieusement,
puis le fait porter à Mme de B…. avec cette facture inusitée dans l’art de l’horlogerie:

Horloger, bijoutier, raccommodeur de soufflets, étameur de
casserolles, fondeur de cuillers d’étain, fait le commerce
des peaux de lapin et tout ce qui concerne son état.
———
DOIT MADAME De B…

Pour la réparation d’un soufflet….

Nota. M. Robert espère que Mme de B… appréciera le soufflet qu’il lui renvoie.

L’aventure fut connue et l’on en rit beaucoup; du reste, Mme de B… n’avait pas tardé à reconnaître
son étourderie; elle vint elle-même payer la facture et fit sa paix avec mon père de la façon la plus
aimable.
Ce fut dans cet intérieur, pour ainsi dire d’artiste, au milieu des outils et des instruments auxquels
je devais prendre un goût si vif, que je naquis et que je fus élevé.
J’ai bonne mémoire; pourtant, si loin que remontent mes souvenirs, ils ne vont pas jusqu’au jour
de ma naissance: j’ai su depuis que ce jour était le 6 décembre 1805.
Je serais tenté de croire que je vins au monde une lime, un compas ou un marteau à la main, car
dès ma plus tendre enfance, ces instruments furent mes hochets, mes joujoux; j’appris à m’en servir
comme les enfants apprennent à marcher et à parler. Inutile de dire que bien souvent mon excellente
mère eut à essuyer les larmes du jeune mécanicien, quand le marteau, mal dirigé, s’égarait sur ses
doigts. Pour mon père, il riait de ces petits accidents, et disait en plaisantant que l’état m’entrerait
ainsi dans le corps, et qu’après avoir été un enfant prodige, je finirais par devenir un mécanicien hors
ligne.
Je n’ai pas la prétention d’avoir réalisé cet horoscope paternel; mais il est certain que de tout
temps je me suis senti un penchant, une vocation prononcée, une passion irrésistible pour la
mécanique.
Que de fois n’ai-je pas vu, dans mes rêves d’enfant, une fée bienfaisante me conduire par la main
et m’ouvrir la porte d’un Eldorado mystérieux où se trouvaient entassés des outils de toute sorte. Le
ravissement dans lequel me plongeaient ces songes était le même que celui qu’éprouve un autre
enfant, lorsque son imagination lui retrace des pays fantastiques où les maisons sont en chocolat, les
pierres en sucre candi et les hommes en pain d’épice.
Il faut avoir été possédé de cette fièvre des outils pour la concevoir. Le mécanicien, l’artiste les
adore véritablement; il se ruinerait même pour en acquérir. Les outils, du reste, sont pour lui ce qu’est
un manuscrit pour le savant, une médaille pour l’antiquaire, un jeu de cartes pour le joueur; en un mot,
ce sont des instruments qui favorisent une passion dominante.
A huit ans, j’avais déjà fait mes preuves, grâce à la complaisance d’un excellent voisin et aussi à
une dangereuse maladie, dont la longue convalescence me donna le loisir d’exercer ma dextérité
naturelle.
Ce voisin, nommé M. Bernard, était un colonel en retraite. Longtemps prisonnier, il avait appris,
dans sa captivité, mille petits travaux qu’il consentit à m’enseigner pour me distraire. Je profitai si
bien de ses leçons, qu’en assez peu de temps j’arrivai à égaler mon maître.
Il me semble encore voir et entendre ce vieux soldat, lorsque, passant sa main sur son épaisse
moustache grise pour la rabaisser sur ses lèvres (geste qui lui était très familier), il s’écriait, dans
son énergique satisfaction: «Il fait tout ce qu’il veut, ce petit b….. là.» Ce compliment du colonel
flattait au plus haut point mon amour-propre enfantin, et je redoublais d’efforts pour le mériter.
Avec ma maladie finirent mes travaux; on me mit en pension, et dès lors les occasions me
manquèrent pour me livrer à mes attrayantes distractions; mais aux jours de congé, c’était avec un
véritable bonheur que je venais me retremper, si j’ose le dire, à l’atelier paternel.
Que de fois aussi j’ai fâché ce bon père par de nombreux méfaits! Je n’étais pas toujours assez
exercé ou assez habile, et souvent je brisais les outils dont je me servais. C’était une lime, un foret,
un équarissoir. J’avais beau me cacher, on ne manquait pas, cela va sans dire, de mettre sur mon
compte ces accidents mystérieux; et, pour me punir, on m’interdisait l’entrée de l’atelier. Mais toute
défense était inutile, toute précaution superflue; c’était toujours à recommencer. Aussi reconnut-on la
nécessité de couper le mal dans sa racine, et l’on résolut de m’éloigner.
Si mon père aimait son état, il savait par expérience que dans une petite ville, l’art de
l’horlogerie mène rarement à la fortune; malgré toute son habileté, et quelques ressources qu’il eût
trouvées en dehors de sa profession par son esprit industrieux, il n’y avait gagné qu’une bien modeste
aisance.
Dans son ambition paternelle, il rêvait pour moi un destin plus brillant; il prit donc une
détermination dont je lui ai conservé la plus vive reconnaissance: ce fut de me donner une éducation
libérale. Il m’envoya au collége d’Orléans.

 

vue d'Orléans au 19ème siècle.

vue d’Orléans au 19ème siècle.

J’avais onze ans à cette époque.
Chante qui voudra les plaisirs de la vie de collége; quant à moi, j’avoue franchement que bien
que je n’eusse aucune répulsion pour l’étude, l’existence claustrale de l’établissement ne m’offrit
jamais de plus grand plaisir que celui que j’éprouvai lorsque je le quittai pour n’y plus revenir. Quoi
qu’il en soit, une fois entré, suivant l’exemple de mes camarades, je pris mon mal en patience et je
devins en peu de temps un collégien parfait.
En dehors de l’étude, mon temps était bien employé: poussé par mon irrésistible penchant, je
passais la plus grande partie de mes récréations à m’occuper de mécanique. J’exécutais par exemple
des piéges, des trébuchets et des souricières, dont les heureuses dispositions et les perfides amorces
me livraient un grand nombre de prisonniers.
J’avais construit pour eux une charmante petite demeure à claire-voie, dans laquelle se trouvaient
réunis des jeux gymnastiques en miniature. Mes pensionnaires, en prenant leurs ébats, faisaient
mouvoir et basculer des machines destinées à procurer les plus agréables surprises.
Un de mes ouvrages excitait surtout l’admiration de mes camarades: c’était un petit manége
faisant monter de l’eau à l’aide d’un corps de pompe confectionné presque entièrement avec des
tuyaux de plume. Une souris, harnachée comme le sont ordinairement les chevaux, devait, par la force
musculaire de ses jarrets, mettre en action ce machinisme lilliputien. Malheureusement, mon docile
animal, quelque bonne volonté qu’il y mît, ne pouvait vaincre à lui seul la résistance que lui opposait
le jeu des engrenages, et, à mon grand regret, j’étais forcé de lui prêter assistance.
Ah! si j’avais un rat! me disais-je dans mon désappointement, comme tout cela marcherait! Un
rat! mais comment me le procurer? Là était la difficulté, et elle me paraissait insurmontable: pourtant
elle ne l’était pas, comme on va le voir.
Un jour, surpris par un surveillant dans une escapade d’écolier, aggravée d’escalade et
d’effraction, je fus condamné à douze heures de prison.
Douze heures de prison pour le vol d’une friandise! et quelle friandise! du raisiné qu’à nos repas
nous ne mangions que du bout des lèvres. Je n’avais pu résister, hélas! à l’attrait du fruit défendu.
Cette punition, que je subissais pour la première fois, m’affecta vivement; mais bientôt au milieu
des tristes réflexions que m’inspirait ma solitude, une idée vint dissiper mes pensées mélancoliques
en m’apportant un heureux espoir.
Je savais que chaque soir, à la tombée de la nuit, des rats descendaient des combles d’une église
voisine pour ramasser les miettes de pain laissées par les prisonniers. C’était une excellente
occasion de me procurer un de ces animaux que je désirais si vivement pour mon manége; je ne la
laissai pas s’échapper et me mis immédiatement à chercher les moyens de construire une ratière.
Je n’avais pour tout mobilier qu’une cruche contenant l’eau qui devait remplacer pour moi
l’abondance du collége; ce vase était donc le seul objet autour duquel je pusse grouper mes
combinaisons. Voici la disposition à laquelle je m’arrêtai:
Je commençai par mettre mon cruchon à sec, puis, après avoir placé un morceau de pain dans le
fond, je le couchai de manière que l’orifice fût au niveau du sol. Mon but, on le comprendra, était
d’allécher mon gibier par cet appât et de l’attirer dans le piége. Un carreau, que je descellai, devait
en fermer subitement l’ouverture, mais comme dans l’obscurité où j’allais me trouver il me serait
impossible de connaître le moment de couper retraite au prisonnier, je mis près du morceau de pain
un peu de papier sur lequel le rat en passant devait produire un frôlement qu’il me serait possible
d’apprécier dans le silence de ma prison.
La nuit venue, je me blottis près de mon cruchon, le bras étendu vers lui, et, la main placée sous
le carreau, j’attendis avec une anxiété fiévreuse l’arrivée de mes convives.
Il fallait que le plaisir que je me promettais de ma capture fût bien vif pour que je ne cédasse pas
à la frayeur qui me saisit lorsque j’entendis les premiers soubresauts de mes enragés visiteurs. Je
l’avoue: les évolutions qu’ils exécutèrent autour de mes jambes m’inspiraient une cruelle inquiétude;
j’ignorais jusqu’où pouvait aller la voracité de ces intrépides rongeurs. Toutefois, je tins bon, je ne
fis pas le moindre mouvement dans la crainte de compromettre le succès de ma chasse, et je me tins
prêt, en cas d’attaque, à opposer aux assaillants une énergique résistance.
Plus d’une heure s’était écoulée dans une vaine attente, heure pleine d’émotion et d’inquiétudes,
et je commençais à désespérer de mon piége, lorsque je crus entendre le petit bruit qui devait me
servir de signal. Je pousse alors vivement le carreau sur l’ouverture du cruchon et le redresse
aussitôt.
Aux cris aigus que j’entends pousser à l’intérieur, j’acquiers l’assurance d’un succès complet et,
dans ma satisfaction, j’entonne une fanfare, autant pour célébrer ma victoire que pour effrayer les
compagnons de mon prisonnier et les congédier au plus vite.
Le concierge, en venant me délivrer, m’aida à me rendre maître de mon rat en l’attachant avec
une ficelle par l’une des pattes de derrière.
Chargé de mon précieux butin, je me rends au dortoir, où maître et élèves dorment depuis
longtemps. Je vais me reposer à mon tour, mais un embarras vient se présenter: comment loger mon
prisonnier?
A force de chercher, une idée surgit tout à coup dans mon esprit, idée bizarre et bien digne du
cerveau d’un écolier: ce fut de l’enfoncer la tête la première dans un de mes souliers, en ayant soin
d’attacher au pied de mon lit la ficelle qui le retenait, puis de fourrer le soulier dans un de mes bas et
de placer le tout dans une des jambes de mon pantalon. Cela fait, je crus pouvoir me coucher sans la
moindre inquiétude.
Le lendemain, à cinq heures précises, le surveillant, selon son habitude, fit sa tournée dans le
dortoir en stimulant les dormeurs pour les faire lever.
—Habillez-vous tout de suite, me dit-il de ce ton aimable qui caractérise cet emploi.
Je me mis en devoir d’obéir; mais ici cruelle disgrâce: mon rat que j’avais si bien empaqueté,
que j’avais si soigneusement emprisonné, ne trouvant pas sans doute son logement assez aéré, avait
jugé à propos de percer mon soulier, mon bas et mon pantalon et prenait l’air par cette fenêtre
improvisée….. Heureusement, il n’avait pu couper la ficelle qui le retenait. Peu m’importait le reste.
Mais le surveillant ne vit pas la chose du même oeil que moi. La capture d’un rat, le dégât fait à
ma toilette, furent jugés par lui comme autant de nouveaux griefs qui se joignirent à celui de la veille
dans un rapport volumineux qu’il adressa au proviseur. Je dus me rendre chez celui-ci, revêtu des
pièces qui portaient les traces de mon dernier délit. Par une coïncidence fâcheuse, le soulier, le bas et
le pantalon étaient troués sur la même jambe.
L’abbé Larivière (ainsi s’appelait notre proviseur) dirigeait le collége avec une sollicitude toute
paternelle. Toujours juste et porté par sa nature à l’indulgence, il avait su se faire adorer, et encourir
sa disgrâce était pour les élèves le plus sévère des châtiments.
—Eh bien! Robert, me dit-il, en me regardant doucement pardessus les lunettes qui lui pinçaient
le bout du nez, nous avons donc commis de grandes fautes? Voyons, dites-moi toute la vérité.
Je possédais alors une qualité que je me flatte de n’avoir pas perdue depuis; c’était une extrême
franchise. Je fis au proviseur le récit exact et fidèle de mes méfaits, sans en omettre un seul détail; ma
sincérité me porta bonheur. L’abbé Larivière, après s’être contenu quelques instants, finit par rire aux
éclats des burlesques péripéties de mes aventures; toutefois, après m’avoir fait comprendre tout ce
qu’il y avait de repréhensible dans l’action que j’avais commise, en m’emparant d’un bien qui ne
m’appartenait pas, le bon abbé termina ainsi sa petite allocution.
—Je ne vous sermonnerai pas plus longtemps, Robert, je crois à votre repentir; douze heures de
prison doivent suffire pour votre punition; je vous rends votre liberté. Je ferai plus: quoique vous
soyez bien jeune encore, je veux vous traiter en homme, mais en homme d’honneur, entendez-vous?
Vous allez me donner votre parole que non-seulement vous ne retomberez plus dans une faute
semblable, mais encore, comme votre passion pour la mécanique vous fait trop souvent négliger vos
devoirs, que vous renoncerez à vos outils et vous livrerez exclusivement à l’étude.
—Ah! oui, Monsieur, je vous la donne, m’écriai-je, ému jusqu’aux larmes d’une indulgence aussi
inattendue, et je puis vous assurer que vous ne vous repentirez pas d’avoir eu foi en mon serment.
J’avais à coeur de tenir cet engagement, mais je ne me dissimulais pas les difficultés qui
s’opposeraient à ma bonne résolution; il y avait tant d’occasions de faillir dans cette voie de sagesse
où je voulais consciencieusement m’engager! D’ailleurs, comment résister aux railleries, aux
quolibets, aux sarcasmes des mauvais élèves, qui, pour cacher leurs folies, entraînent les caractères
faibles à devenir leurs complices? Aussi mes serments eussent-ils couru de grands dangers, si je
n’avais eu le courage de mes opinions: je rompis brusquement avec quelques étourdis dont les études
classiques se ressentaient du travers de leur esprit.
Cependant, quelque chose de plus difficile encore restait à accomplir pour compléter ma
conversion, et si douloureux que fût le sacrifice, j’eus la force de me l’imposer. Refoulant au fond de
mon coeur ma passion pour la mécanique, je brûlai mes vaisseaux, c’est-à-dire que je mis de côté
mon manége, mes cages et leur contenu; j’oubliai jusqu’à mes outils, et, dégagé de toute distraction
extérieure, je me livrai entièrement à l’étude du grec et du latin.
Les éloges de l’excellent abbé Larivière, qui se vantait d’avoir su reconnaître en moi l’étoffe
d’un bon élève, me récompensèrent de ce suprême effort, et je puis dire que je devins dès lors un des
écoliers les plus studieux et les plus assidus. Ce n’est pas que je ne regrettasse parfois mes outils et
mes chères mécaniques; mais, me rappelant ma promesse au proviseur, je tins toujours ferme contre
la tentation. Tout ce que je me permettais, c’était de jeter furtivement sur le papier quelques idées qui
me passaient par l’esprit, ne sachant pas si un jour je pourrais les mettre à exécution.
Enfin le moment arriva où je dus quitter le collége, mes études étaient terminées.
J’avais dix-huit ans.