Les trois Dés. Electricité

Les trois Dés.

METTONS deux gros livres sur une table, à une certaine distance l’un de l’autre. Plaçons sur ces deux livres un carreau de vitre qui reposera sur eux par deux de ses bords opposés. Au-dessous du carreau, disposons sur la table des corps légers, tels que : petits morceaux de bouchon ou de papier, barbes de plumes, balles en moelle de sureau, etc. Si nous frottons maintenant notre vitre avec un chiffon de laine bien séché devant le feu, de façon à électriser le verre, nous voyons tous ces objets sauter de la table contre le verre, retomber sur la table, sauter de nouveau, en un mot, se livrer à une sarabande très mouvementée.
En les remplaçant par de petits bonshommes en moelle de sureau, qu’il vous sera facile de fabriquer vous-même, vous aurez l’aspect d’un bal des plus animés:
c’est l’expérience bien connue en électricité sous le nom de danse des pantins.
Voici aujourd’hui le moyen d’utiliser cette expérience à la confection d’un jeu nouveau.
Découpez, dans de la moelle de sureau, trois petits cubes de même grandeur; marquez-y, avec une plume et de l’encre, des points noirs qui les feront ressembler à de petits dés à jouer ordinaires, et placez-les dans une de ces boîtes à couvercle de verre renfermant les ménages de poupées.
Frottez le dessus du couvercle avec un chiffon de laine, et vous voyez les trois dés sauter vivement et venir se coller contre le verre, vous donnant ainsi le moyen original de faire une partie de dés avec vos amis. De plus, voici comment il vous sera facile de les mystifier.
Vous priez l’un d’eux d’additionner les points marqués par les dés, puis vous attendez quelques secondes et, sans avoir touché à la boîte, vous lui montrez qu’il a mal compté; au lieu de 6, 4 et 2, par exemple, qui donnaient 12, le point est devenu 1, 3 et 4, qui ne donnent plus que 81 Et cependant les dés sont bien toujours collés contre le verre, et personne n’y a touché.
Un instant après, c’est un nouveau point qui se présente de lui-même, et cela continue ainsi pendant assez longtemps. Voici ce qui se passe : la face du cube en contact avec le verre perd peu à peu son adhérence;
elle s’en détache, mais le cube reste un instant collé par son arête; c’est alors la face voisine qui est vivement attirée par le verre électrisé, et le cube, oscillant autour de cette arête, vient s’y coller par son autre face.
De là le changement amusant des points, qui, vous le voyez, n’avait rien de bien mystérieux.