L’élocution

L’Escamoteur (From a Coloured Aquatint by J.J. Chalon, 1820.)

Parlez peu, mais parlez bien. Lentement, surtout : à moins d’être un professionnel de la parole, on parle toujours trop vite, surtout au début et quand on se sent pressé par le temps ou que l’expérience marche mal. Si vous sentez que vous vous énervez, arrêtez franchement un moment, et forcez-vous à parler et agir lentement : le trac disparaîtra, et la gêne qui envahissait le public; et ce qui n’allait pas bi n se mettra à bien marcher. Articulez très distinctement : rien de fatigant et de monotone comme un orateur qui desserre à peine le_s lèvres. Naturellement, s’il faut éviter le débit uniforme et monotone, il faut se garder tout autant des inflexions excessives, « montant en épingle » chaque mot et les faisant tellement chanter, rire, démontrer ou sous-entendre, que c’est un véritable épuisement que vous infligez à votre auditoire.
Soignez non seulement la prononciation, mais la correction des phrases et des mots: méfiez-vous des « cuirs » et des solécismes, surtout si vous imprôvisez sans en avoir l’habitude. Evitez comme la peste ces parasites explétifs :
« n’est-ce pas… et alors… eh bien… tenez, Mes dames et Messieurs … », sans parler du « … heuh … ».

Professeur BOSCAR